CACEIS NEWS 38 FR

N° 38 - Juin 2014 - caceis news 3

Interview de Steven Libby, PwC Luxembourg, Asset Management Leader

NEW BUSINESS

Le groupe Edmond de Rothschild et CACEIS signent un accord de prestations de services pour les activités de tenue de compte, conservation, agent de transfert et comptabilité de fonds à Luxembourg

placement protègent les investisseurs, limitent les risques systémiques et la transmission de ces risques. Chaque fonds est distinct, au plan juri- dique, des autres fonds, de sorte que les risques d’investissement dans un fonds ne se réper- cutent pas sur les autres. Les actifs d’un fonds sont détenus séparé- ment par un dépositaire agréé et ils ne peuvent, par conséquent, ser- vir à couvrir les pertes encourues par le gérant. Il convient de rappeler que, même si les socié- tés de gestion traitent certaines activités ban- caires, elles restent des entités séparées, dotées

qu’Amazon, eBay et PayPal avaient de meilleur pour fournir un service de qualité à ses 300 millions d’utilisa- teurs en “ nom réel ”. La plateforme en ligne AliPay permet d’accéder aux fonds de la société et Yu’e Bao, lancé il y a à peine dix mois, a attiré plus de 81 millions d’investisseurs. Par comparaison, le marché chinois A-share compte environ 67 millions d’investisseurs après 23 ans d’exis- tence. Dans un très court laps de temps, Yu’e Bao est ainsi devenu le troisième fonds monétaire mondial. En octobre 2013, Baidu et China AMC se sont associés pour lancer une plateforme de gestion de patrimoine en ligne proposant deux fonds moné- taires: “ Baifa ” et “ Baizhuan ”. En janvier 2014, Tencent a coopéré avec quatre gérants d’actifs (China AMC, EFund, China Universal et GF Fund) en vue de lancer un produit similaire baptisé “ Licaitong ” sur sa célèbre application Smartphone de message- rie instantanée, WeChat. On considérait jusque-là que la com- munication en direction des investis- seurs relevait essentiellement de la responsabilité des distributeurs, en particulier dans le segment “ retail ”. Désormais, avec l’expansion des réseaux sociaux, les investisseurs peuvent entrer directement en contact avec les gérants d’actifs et obtenir aisément des informations. De plus, les communautés d’investissement en ligne facilitent les connexions entre investisseurs et favorisent les échanges d’informations, donnant ainsi naissance à une génération nouvelle, celle des investisseurs nu- mériques à la fois bien informés et critiques à l’égard des secteurs de la gestion d’actifs et du conseil finan- cier. Ceux qui ne sauront pas intégrer le numérique dans leur modèle éco- nomique pourraient se heurter à une concurrence venue du secteur des nouvelles technologies. Un risque néanmoins atténué par le fait que ces sociétés devront aussi sur- monter les barrières réglementaires des services financiers 2 Un utilisateur en “ nom réel ” est certifié et lié à un compte bancaire chinois. Alipay totalise actuellement 800 millions de comptes, qui ne sont pas nécessairement certifiés ou adossés à un compte bancaire. 1 CACEIS/PwC, Taking the Reins, 2012

en matière de risques. Comme nous l’avons déjà indiqué dans l’une de nos précédentes études, les gérants d’actifs ont intérêt à générer une per- formance régulière basée sur l’ana- lyse des risques, à appliquer des commissions appropriées tout en res- pectant les principes de transparence et de gouvernance les plus élevés et à se doter des capacités opérationnelles nécessaires pour répondre aux be- soins des investisseurs institutionnels. Ils doivent également tenir compte des nouvelles réglementations de manière à élaborer des programmes d’investissement conformes et à com- muniquer efficacement avec leurs clients. L’étude lance un avertissement: si les gérants d’actifs ne réussissent pas à exploiter les avantages offerts par le numérique, une nouvelle génération de concurrents pour- rait bouleverser le marché. A votre avis, d’où viendraient ces nouveaux concurrents? A de nombreux égards, le numérique ouvre de nouvelles perspectives pour les sociétés de gestion, leur permet- tant non seulement de communiquer directement avec les investisseurs mais aussi de s’associer avec des acteurs du secteur des technologies

Après être entrés en négociations exclusives fin 2013, le groupe Edmond de Rothschild et CACEIS confirment la mise en place de leur partenariat. * Cette opération permet à l’entité luxembourgeoise du groupe Edmond de Rothschild de continuer à développer un service à forte valeur ajoutée, dans le respect du modèle Edmond de Rothschild, en s’appuyant sur une plateforme opérationnelle de référence et évolutive. La prestation de services de CACEIS comprend les fonctions de tenue de compte, de conservation, d’agent de transfert et de comptabilité. Edmond de Rothschild (Europe) reste banque dépositaire et administration centrale, dans le respect de ses engagements vis-à-vis de ses clients. Cet accord porte sur plus de 20 milliards d’euros d’actifs. Plus de 110 collaborateurs d’Edmond de Rothschild rejoindront les équipes de CACEIS le 1 er  octobre 2014. Marc Ambroisien , CEO of Edmond de Rothschild (Europe), déclare: “Le choix de CACEIS, référence mondiale de cette activité et partenaire de longue date de notre Groupe, permet de poser les bases de notre développement futur. Le travail en commun de nos équipes, ces derniers mois, nous assure de conserver une qualité de service aux plus hauts standards et la capacité à offrir des solutions sur mesure qui font notre différence sur le marché.” Pierre Cimino , Managing Director of CACEIS Bank Luxembourg, ajoute: “C'est un modèle d'association innovant qui s'enrichira de la complémentarité et des compétences de chacun, et qui nous permet de consolider notre relation avec le groupe Edmond de Rothschild, un partenaire de renommée internationale. CACEIS a pour ambition d'accompagner le groupe Edmond de Rothschild dans sa stratégie de développement, en mettant à sa disposition son offre de services en constante évolution. Les collaborateurs qui nous rejoindront contribueront à assurer la qualité et la continuité du service pour notre partenaire et ses clients.” Plus de 20 milliards d'euros d'actifs

L’étude identifie le financement des économies nationales comme une opportunité significative pour l’industrie de la gestion d’actifs. Cela présente-t-il le risque pour les principaux acteurs du secteur d’être considérés comme des ins- titutions financières présentant des risques systémiques et ainsi soumises à des exigences de fonds propres plus élevées ? Oui, les sociétés de gestion risquent d’être soumises à la même réglemen- tation que les banques en matière de fonds propres. Le plus souvent, les autorités considèrent à tort que l’industrie de la gestion d’actifs et les banques ont des caractéristiques similaires et appliquent des régle- mentations identiques à ces deux secteurs pourtant radicalement diffé- rents. Or un tel classement indifféren- cié se traduirait par des contraintes considérables pour la gestion d’actifs, limitant sa flexibilité et pourrait aug- menter les coûts pour les investis- seurs finaux. Actuellement, l’indus- trie de la gestion d’actifs est déjà très réglementée et ne représente aucun risque systémique pour l’économie. En conséquence, la réglementation applicable aux banques n’est pas adaptée aux sociétés de gestion. Les acteurs de la gestion d’actifs, à l’exception des hedge funds, n’ont pas recours à l’effet de levier. Les OPCVM ne sont pas confrontés au même risque de faillite que les banques. Contrairement à ces der- nières, les sociétés de gestion ne sont pas affectées par les pertes enregis- trées par les investisseurs. Elles n’ont pas à supporter les risques de crédit, de marché et de liquidité. Blackrock, le plus grand acteur mondial, compte actuellement plus de 4 000 milliards d’USD d’actifs sous gestion, mais à peine 9 milliards d’USD de fonds propres. Les fluctuations de la valeur des actifs ne constituent pas une me- nace d’insolvabilité pour les gérants d’actifs comme cela peut-être le cas pour une banque. De plus, les inves- tisseurs sont parfaitement prêts à ab- sorber les pertes comme les gains. En fait, la structure et la réglementa- tion propres aux fonds communs de

d’un cadre et d’un modèle écono- mique qui leur sont propres. Dans ces conditions, la réglementation appli- cable aux banques n’est pas adaptée aux sociétés de gestion. Sur quels points les gérants d’actifs doivent-ils mettre l’accent pour répondre aux besoins des investis- seurs institutionnels?

CACEIS/PwC Assurance Model

Source: CACEIS/PwC, Taking the Reins, 2012

Plus les gérants d’actifs seront amenés à combler les besoins de financement non satisfaits par les banques, plus ils devront diversifier leurs investis- sements, en particulier à long terme. Les investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension, les com- pagnies d’assurance et les fonds sou- verains constituent une importante source de financement à long terme, donc, les sociétés de gestion devront leur fournir des solutions adaptées. En outre, les investisseurs institution- nels sont devenus plus sensibles aux risques et exigent une plus grande transparence. Ils attendent des rende- ments positifs générés par des véhi- cules d’investissement correspondant à leurs objectifs. Avec la faiblesse des rendements, les investisseurs insti- tutionnels sont devenus plus réactifs et plus rigoureux en ce qui concerne leurs investissements. Ils accordent la plus haute importance à une totale transparence sur les risques. Les gérants d’actifs doivent com- prendre les besoins de leurs inves- tisseurs et adhérer à leurs principes

numériques pour accroître les ventes et révolutionner le marché. En Chine, des gérants d’actifs et de nouveaux arrivants dans le secteur des services financiers ont tiré parti des nouvelles technologies numé- riques pour gagner des parts de mar- ché et remettre en question le statu quo. Alibaba, société de commerce électronique, a su conjuguer ce

* Sujet à l'approbation de la Commission de Surveillance du Secteur Financier.

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